Je pourrais commencer par raconter le soir parce que c’est là que revient l’envie d’écrire, dissipée depuis quelques jours, tandis que je lis le livre de Bernard Duché, encore, quelques pages. J’ai pourtant besoin de dormir, il est tard. Je lis peu en ce moment, aussi peu que j’écris ; comme si M m’emmenait ailleurs, gommait mes habitudes en gommant les dispersions de mon esprit. Soudain, l’auteur évoque Barthes, Guibert, il questionne l’écriture, il cite les dernières phrases du journal d’un homme, Mathieu Galey, mort de la sclérose latérale amyotrophique, c’est d’une émotion fracassante, puis Duché revient à ce que c’est écrire. Je ne m’y attendais pas, à tout ça, que je viens de résumer. J’aime énormément ce moment où soudain un écrivain me donne l’impression qu’il me pousse dans une ruelle, le livre arrive ailleurs, puis un peu plus loin encore.
Mon esprit bifurque alors vers le début d’un livre, celui que peut-être j’écrirai bientôt, les mots glissent dans mon esprit, les phrases sont belles mais bien vite ça s’étiole, ça disparait, je les oublie. J’attends d’être là-bas et de répondre à cette furieuse envie d’écrire, écrire dans l’état d’écriture et rien d’autre autour, écrire en regardant devant moi, écrire en ta présence et ton amour du silence, ça commencerait sans doute comme des hommages, et puis ça partirait dans le désert. C’est comme si j’étais fatigué de me retourner. Oui, sans doute suis-je fatigué de me retourner. J’ai l’impression que tu ressembles à demain.
Je me demande si je saurai / saurais parler de nous sans parler de nous. Je me demande ce que le désert saura raconter. Là-bas c’est aussi le retour au grand-père.
Et puis avant il y a eu les visages – quels visages ! – de Nicolas Camoisson sur les murs de la galerie MAP et aussi ce paysage, frontal comme je les aime, inattendu. Aussi la femme qui n’a pas su se taire parce qu’il y a les mots d’un combat sur un sac. Tout un chapitre ça pourrait faire : mon habit fait-il le moine ?
Et puis avant encore nous voilà au matin : Dr L., bilan, ma vie avec M.































